Percée pour les femmes et la politique en Mongolie

Retournons en arrière, en 2008. Seulement trois femmes siégeaient alors au Parlement de la Mongolie, ce qui représentait moins de 4 % des 76 sièges. Malgré la riche histoire culturelle de la Mongolie, où les femmes jouent traditionnellement un rôle central dans la vie familiale et communautaire, leur sous-représentation flagrante parmi les titulaires de charge publique mettait en évidence les préjugés sexistes profondément ancrés. Ces derniers façonnent depuis longtemps la façon dont la société perçoit les femmes dans les postes de direction. En effet, en Mongolie, le pouvoir politique a toujours été majoritairement entre les mains des hommes.

Selon l’Indice des normes sociales de genre du PNUD de 2023, 97 % des Mongoles ont des préjugés sexistes, et beaucoup croient que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes. Ces croyances dépassées, ancrées dans les traditions patriarcales, créent des obstacles importants pour les femmes. Elles limitent également leur accès aux postes de direction et leurs possibilités de participer pleinement à la prise de décisions et à la gouvernance publiques.

Toutefois, les choses commencent à changer, en grande partie grâce aux efforts des organisations de femmes sur le terrain, qui bénéficient du soutien du Fonds Égalité. Établi en 2019 avec un investissement de 300 millions de dollars du gouvernement du Canada, le Fonds Égalité joue un rôle crucial pour faire progresser l’égalité des genres et les droits des femmes partout dans le monde. En Mongolie, son partenaire bénéficiaire est le MONFEMNET, un réseau de 21 organisations nationales de femmes. Ces organisations ont pour mission de promouvoir les droits de la personne, la justice sociale et l’égalité des genres dans l’ensemble du pays. Avec le soutien du Fonds Égalité, le MONFEMNET a établi un partenariat avec Women for Change Mongolia et a lancé une campagne en vue de favoriser de toute urgence la représentation égale des femmes et des hommes. Cette campagne a permis de rassembler plus de 2 500 militants et organisations qui ont fait pression en vue d’une grande réforme du système électoral de la Mongolie. Grâce à leurs efforts, en 2023, le quota de nomination de candidates est passé de 20 % à 30 %. D’autre part, un régime d’alternance a été établi selon lequel les partis politiques sont désormais tenus d’alterner entre les candidats masculins et féminins.

Un pas dans la bonne direction

Revenons maintenant à notre époque, aux élections parlementaires de 2024 en Mongolie, lors desquelles le pays a atteint un nombre record de candidates (519) et d’élues au Parlement. Aujourd’hui, 32 femmes siègent au Parlement, ce qui représente environ le quart du total des sièges. La Mongolie est désormais en tête des pays d’Asie pour le nombre d’élues et se rapproche de la moyenne mondiale de 27 % : une percée pour les femmes et la politique!

Les progrès réalisés jusqu’à maintenant témoignent du pouvoir de l’action collective et du rôle essentiel des investissements continus dans la promotion des droits des femmes. Avec l’aide du Fonds Égalité, les femmes mongoles marquent l’histoire et montrent l’exemple de façon éloquente aux autres pays qui visent la parité entre les hommes et les femmes en politique. Cependant, la promotion de la représentation égale des femmes et des hommes en politique ne s’arrête pas ici. L’objectif quant au quota d’élues en vue des élections de 2028 est fixé à 40 %. Le travail se poursuit pour que les points de vue des femmes soient pris en considération à tous les échelons du processus décisionnel. Même si le combat est loin d’être terminé, la voie vers l’augmentation de la représentation des femmes et la parité entre les genres en Mongolie n’a jamais été aussi libre.