Déclaration du Canada lors du débat thématique : Autres armes à destruction massives à la Première Commission de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies
Version prononcée fait foi
New York, États-Unis, le 22 octobre, 2024
Madame la Présidente,
Comme dans d'autres groupes, les normes mondiales contre les armes chimiques et biologiques sont contestées, notamment par la guerre d'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine.
Si les cadres internationaux de lutte contre les armes chimiques et biologiques, notamment la Convention sur les armes chimiques (CAC) et la Convention sur les armes biologiques et à toxines (CABT), enregistrent des succès considérables et des avancées significatives depuis quelques années, ils sont également confrontés à des défis majeurs, notamment les efforts concertés d'un petit nombre d'États pour en miner leur efficacité. Dans le cadre de la CABT, le Groupe de travail a été en mesure d'aborder des questions qui n'avaient pas fait l'objet d'avancées substantielles depuis des dizaines d'années. L'idée d'établir un régime de conformité et de vérification rentable fait l'objet d'un débat pour la première fois depuis 2001. Les éléments constitutifs de mécanismes de coopération et d'assistance internationales et d'examen des sciences et des technologies sont en train de se mettre en place d'une manière constructive.
Malheureusement, la CABT continue également d'être utilisée comme une plateforme pour exprimer des plaintes politiques, promouvoir une désinformation ciblée et faire échouer l'agenda international du désarmement . La réunion des États parties de 2023 n'a pu comporter aucun travail de fond en raison de l'obstructionnisme répété de la Russie, qui a abusé des règles de procédure et déformé les précédents. Nous ne pouvons pas non plus oublier l'invocation fallacieuse de l'article V par la Russie en 2022, qui a fait perdre du temps et des ressources aux États parties pour une fabrication complète que tous, à l'exception de leurs plus fervents partisans, ont rejeté.
La situation est similaire dans le cadre de la CAC, avec à la fois des succès et des défis persistants. Le 7 juillet 2023, l'OIAC a vérifié que tous les stocks d'armes chimiques déclarés par les États parties avaient été détruits de manière irréversible. Néanmoins, la République arabe syrienne a été protégée des conséquences de l'utilisation d'armes chimiques contre son propre peuple, et plus que dix ans après son adhésion à la CAC, dix-neuf questions restent en suspens concernant sa déclaration initiale. La Russie, qui proclame ne pas posséder d'armes chimiques, a utilisé des agents neurotoxiques Novichok lors de la tentative d'assassinat de Sergei Skripal au Royaume-Uni et refuse de répondre aux questions concernant l'empoisonnement de Alexei Navalny, actuellement décédé. Des rapports crédibles indiquent que les forces russes ont utilisé des agents antiémeutes et potentiellement des produits chimiques toxiques plus nocifs comme armes dans leur guerre d'agression contre l'Ukraine. Les questions que nous posons à la Russie sur ces sujets sont détournées ou répondent à des pages et des pages de faussetés.
Madame la Présidente,
La désinformation met en péril la paix et la sécurité mondiales, en sapant les conventions sur la non-prolifération, le contrôle des armements et le désarmement et en risquant de compromettre l'objet et le but de la CAC et de la CABT. Pour lutter contre la désinformation dans le domaine nucléair, radiologique, biologique et chimique (NRBC), le Canada est à la tête d'une nouvelle initiative de lutte contre la désinformation. Cette entreprise ambitieuse est mise en œuvre au nom des 31 membres du Partenariat mondial, dirigé par le G7, et en étroite collaboration avec le mécanisme de réaction rapide du G7. Cette initiative globale, coordonnée et multi-institutionnelle vise à mieux comprendre les dommages directs et indirects des attaques de désinformation dans le contexte NRBC. Elle vise aussi à mettre au point des outils et des solutions pour contrer les récits désinformateurs de manière préemptive.
Madame la Présidente,
L'année prochaine marquera le centenaire de la signature du protocole de Genève, ainsi que le 50ème anniversaire de l'entrée en vigueur de la CABT. Nous avons une occasion unique de souligner l'importance de ces deux traités historiques et de faire connaître le travail considérable de tous ceux qui ont contribué à leur succès.
En ce qui concerne le désarmement chimique et biologique cette année, on ne peut que ressentir un certain optimisme. Toutefois, nous ne devons pas laisser cet optimisme nous mener à un excès de confiance. Comme certains l'ont dit, la complaisance est l'ennemie du progrès. Si nous ignorons les menaces qui pèsent sur la norme mondiale contre les armes chimiques et biologiques, nous risquons de compromettre tout ce que nous avons accompli.
Je vous remercie.
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